Le retour by Un livre Un film

Auteur:Un livre Un film [film, Un livre Un]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Science-Fiction
ISBN: 9782290021057
Google: NAcuPQAACAAJ
Éditeur: J'ai Lu
Publié: 1998-12-31T23:00:00+00:00

9

Bishop était penché sur un microscope, dans le laboratoire de la section médicale. Sous l’objectif se trouvait une fine lamelle abritant un prélèvement fait sur le cadavre d’un des parasites, le spécimen qui avait occupé le tube de stase le plus proche. Quoique morte, la créature disséquée gardait un aspect menaçant, ainsi posée sur le dos près de lui. Ses pattes semblaient prêtes à se jeter au visage de quiconque s’en approcherait trop près et sa queue puissante paraissait encore pouvoir la projeter à l’autre bout de la salle.

L’intérieur de son corps était aussi fascinant que son aspect extérieur, et Bishop restait vissé à l’oculaire du microscope. Le pouvoir grossissant de l’appareil et la limite de résolution de ses yeux artificiels lui permettaient de voir des choses qui avaient peut-être échappé aux colons.

Parmi toutes les questions qu’il se posait, il y en avait une qui l’intriguait tout particulièrement et à laquelle il eût aimé trouver une réponse : ces parasites extraterrestres tenteraient-ils de se fixer sur un être synthétique ? Son corps n’avait aucun point commun avec celui des organismes purement biologiques. Ces créatures étaient-elles capables de faire la différence avant de bondir ? Et dans le cas contraire, si un de ces parasites choisissait un synthé comme porteur de l’embryon, quel serait le fruit d’une telle union ? La chose délivrerait-elle sa proie et repartirait-elle à la recherche d’une autre victime, ou insérerait-elle sa semence dans l’androïde ? Et en ce cas, l’embryon pourrait-il croître, ou se retrouverait-il en fâcheuse posture lorsqu’il tenterait de se développer à l’intérieur d’un corps totalement dépourvu de chair et de sang ?

Un robot pouvait-il avoir des parasites ?

Bishop entendit un bruit près de la porte et releva les yeux : Spunkmeyer poussait un chariot chargé de matériel dans le labo.

— Où voulez-vous que je dépose tout ça ?

— Là-bas, fit Bishop en tendant le doigt. Au bout de la table, ce sera parfait.

Spunkmeyer entreprit de décharger la palette.

— Autre chose ?

Bishop fit un geste sans signification précise.

— Bon, alors je vais regagner la navette. N’hésitez pas, si vous avez besoin d’autre chose.

Un nouveau mouvement de la main. Spunkmeyer haussa les épaules et pivota pour sortir.

Bishop était un drôle d’oiseau, pensa l’homme qui repartait vers le terrain d’atterrissage en poussant son chariot dans les couloirs déserts. Un drôle de robot, se reprit-il en souriant. Il sifflotait et remonta son col. Le vent était modéré mais il pouvait sentir sa morsure. Le fait de se concentrer sur sa petite mélodie l’aidait à ne pas penser au désastre de leur expédition.

Crowe, Dietrich, ce vieil Apone... tous morts. Il avait du mal à l’admettre, c’était incroyable et désolant. Il avait appris à les connaître au cours des nombreuses missions qu’ils avaient effectuées ensemble, même s’il n’aurait pu prétendre les connaître intimement. D’ailleurs, c’était une autre raison d’avoir des regrets, surtout pour Dietrich.

Il haussa les épaules ; personne ne fut témoin de son geste. Les marines côtoyaient constamment la mort : cette vieille connaissance qu’ils s’attendaient à rencontrer avant de prendre leur retraite.

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